
''Edgar Morin:La pensée d’Edgar Morin devant ''la crisologie
Adnan MOURI
Chercheur chroniqueur.
عنوان البريد الإلكتروني هذا محمي من روبوتات السبام. يجب عليك تفعيل الجافاسكربت لرؤيته.
« Ne pas sacrifier l’essentiel à l’urgence mais obéir à l’urgence de l’essentiel. » Edgar Morin
« Les progrès de l’humanité se mesurent aux concessions que la folie des sages fait à la sagesse des fous. » Jean Jaurès
« Cette crise du Coronavirus nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans
les aliénations du quotidien.» Edgar Morin
Introduction
L'engagement humain des penseurs sur le corona constitue le geste inaugural de l'émancipation sociale qui permet de féconder un esprit critique. A travers la consolidation de la « reliance » éthique, nous rendons hommage à l’antidogmatisme forgé par le sociologue Edgar Morin. En abordant la question du virus corona qui plonge le monde entier dans le chaos, il nous fera savoir que cette pandémie est un moyen de consolider les rapports sociaux et il nous permettra de sortir du néolibéral à tous les niveaux.
Dans cette optique, il dévoile avec justesse la morsure capitaliste enveloppée d’l argent mortifère. Pour achever ce second point qui permet la recherche d’une nouvelle voie, il serait capitale de se débarrasser de la vulgate marxiste paupérisée qui se sacrifie sur l autel du collectivisme à la soviétique
Dans l élaboration théorique qui fait de l analyse réflexive une activité vertueuse de la pensée qu’il fait évoluer sans jamais la mythifier, le sociologue Edgar Morin en publiant son essai pour et contre Marx nous dira "pour moi Marx est multi-présent, mais jamais dominant, maitre penseur, mais jamais maitre de ma pensée ».
L’éblouissante lumière d’une pensée critique
Comment la sociologie d’Edgar Morin peut impacter l’imaginaire social Algérien.
Les théories sociologiques, par leurs fécondités constituent l’élément moteur de la dynamique réflexive puisqu’ elle a permis à son tour la fabrication de concept au sens de Deleuze.
Cette réalité conceptuelle qui repose sur la démarche sociologique aura pour toile de fond le façonnement de l’imaginaire social. Cette approche visant à mettre en valeur l’émergence du sujet nous amène dans un premier temps à faire quelques incursions théoriques sur les concepts forgés par le sociologue Morin
Dans un deuxième temps la contextualisation de la démarche prônée par le sociologue nous permet de définir les entorses de « l’imaginaire leurrant » pour reprendre Enriquez qui détermine la réalité sociale algérienne.
Il va sans dire que l’étonnement qui est le propre de l’homme marque un continûm entre les êtres parlants. Outre l’aspect vital de l’imaginaire social qui implique la singularité de la volonté, la définition du champ sociologique est au carrefour de plusieurs concepts qui lui sont subordonnés à savoir les problématiques de la métamorphose, l’utopie, l’éthique de la reconnaissance.
De ce fait l’analyse sociologique se permet d’être une révolution dans l'ordre et la connaissance. La quintessence des idées implique comme le disait Althusser de questionner ce qui semble évident.
Il faudrait dire que l’aspect d’autonomie des concepts demeure continuellement dans l’esprit critique. Autrement dit la cogitation est en perpétuelle relation en échange avec l’environnement, sa faune et sa flore, au-delà du devenir culturel de la nature pour reprendre Hegel., le sociologue Morin se fait le chantre frondeur de l’écologie voire « La voie » essaie d’Edgar Morin.
Au risque de nous répéter nous pouvons dire que la culture de l’esprit critique s’est accaparée du jaillissement de la vie, cette modalité nous montre que l’observation des instruments sociologiques nous confronte à l’altérité sociale défendue par le sociologue.
En effet cette pluralité de l’esprit sociologique analysé par Morin met en exergue cette intersubjectivité qui devient la condition de l’unité. Ceci dit même si l’analyse sociologique favorise en soi la compilation et fidélité du passé théorique comme le fait le sociologue, il n'en demeure pas moins de voir que le récit sociologique fera preuve d’avancée d’analyse comme le disait Derrida « en faisant appel à l’infidélité fidèle » ; par cet aspect nous rejoignons la métaphore du sociologue sur cette question.
Par le biais de cette objectivité savante qui met en exergue la réflexion, le besoin de reliance comme disait Morin devra permettre de questionner tout questionnement en réfutant une démarche mécaniste qui exclue l’erreur, le rêve et la folie.
Cela dit si l’on prend la définition du sociologue, le sujet parlant est fou et sage. En un mot, l’homme générique est un appel à la création, l’homme défini par le sociologue est le lien des forces contradictoires, sa vie intérieure doit être dynamique
Elle est par la résultante des forces cette fonction qui nous permet de dire que le sujet parlant a l’ambition de se métamorphoser. En travaillant ce concept le sociologue disait que le fond devra être changé, d'où l’épineuse question du changement social qui n’est pas un fleuve tranquille
En effet, par l’amorce du changement social nous disons que l’aspect atavique devra descendre de son piédestal pour devenir vérification. Il faudrait dire que les penseurs qui souhaitent faire un diagnostic sur le changement social reconstruisent la réalité sociale comme le détective qui retrace le sens de l’intrigue des questionnements.
Cela dit l’interprétation rigoureuse ne permet pas au penseur d’être comme un spectateur mais il sera question dans cette perspective de former un fil d’Ariane cherchant un chemin vers l’avenir
Allons-nous vers des catastrophes en chaînes ? C’est ce qui paraît probable si nous ne venons pas à changer de voie s’interroge Edgar Morin?
Ce bégaiement de la pensée qui devient maître de l’heure devra développer selon les dires du sociologue « un nouveau nous » qui permet une démarcation de cette modernité liquide qui impose à son tour antipathie, calcul en privilégiant les préjugés agissant comme objet visant l’ostracisme.
En effet, devant l’idée de métamorphose qui porte à la fois la continuité et la rupture, il serait judicieux de voir la place du chemin de l’espérance qui se déterminera des manières de vivre en trouvant une interaction avec la vie.
Devant le changement qui se définit comme une succession d’étapes, nous ferons appel à la sixième thèse de Feuerbach qui disait que « l’essence humaine n’est pas abstraction à l’individu isolé, mais dans la réalité il est l’ensemble des rapports sociaux. L’auto compréhension permet d’appréhender les arcanes d’un capitalisme financier qui délite à son tour le lien social.
Le divertissement capitaliste favorise en soi un tourbillon existentiel où l’être parlant s’égare. De nos jours la lutte des classes renforce la lutte de places, Morin disait la domination du capitalisme financier livre « une intoxication, la politique est arrivée à un degré zéro de la pensée ».
Cette immobilisation de la vie par la juxtaposition des deux fanatismes, de marchés et religieux, arrêterait le mouvement vital de la réflexion ; par là nous pouvons voir que le concept est en passe de devenir gadget, le règne de la médiocratie illustre cet état de fait.
Les nouveaux chiens de garde, comme le disait Serge Halimi, dresse un tableau critique de l’asservissement de l'imaginaire qui a ligoté les médias. Dans le même sens le sociologue Pierre Bourdieu dans son livre contre feu 2 « la main invisible des puissants grains de sable les forces imbéciles du marché et participent à leur triomphe on dira que j’exagéré ».Cette rationalité instrumentale favorise « le penser veut dire adhérer »comme le disait Pierre Legendre.
Dans la même lignée le sociologue Morin, nous fera savoir que le monde « est en fermentation on ne sait pas ce qu’il peut en sortir, les pulsions de morts et de destruction sont très fortes », il ajoutera tout de même « mais cela ne doit pas empêcher d’espérer ».
A cet égard le concept d’espérance est comme une interrogation ouverte et inventive c’est dans la maïeutique socratique du connais- toi toi- même qu’elle soit conçue « l’utopie réaliste ». La mise en exergue de cette dernière est un superbe lever du soleil contre toute forme de contrainte sociale. Cette pensée libératrice permet au sociologue de faire un bref survol sur le printemps arabe.
Se situant aux antipodes du courant essentialiste pour le sociologue, il est impératif d’exorciser le démon du totalitarisme en enrichissant des moments d’altérité qui auront pour rôle de fructifier l’avenir. Dans la pensée de l’éthique, il disait chacun vit pour soi et pour autrui de façon dialogique c’est à dire complémentaire et antagoniste. « Etre sujet c’est conjoindre l’égoïsme et l’altruisme ».
En fermant cette parenthèse sur l’éthique, le sociologue esquisse quelques points de vue sur le printemps arabe il dira à ce sujet « le printemps arabe surtout en Égypte et en Tunisie sont des mouvements très importants et
pacifiques, ce qui est sorti en termes de processus électoral a été à la fois positif et négatif, les partis de gauche ont perdu le contact avec le peuple ».
Faire advenir le principe démocratique nous amène à nous poser cette question qui à elle seule mériterait un long développement, est ce que la socialisation de la révolte serait une socialisation à l’autonomie ?
Ceci dit à travers cette incursion théorique qui impose à son tour un voyage à travers un maquis de référence sociologique, il serait opportun de saisir la « perfectibilité » d’Edgar Morin sur la construction de l'imaginaire social algérien ankylosé par le dogmatisme et les activités stériles qui mettent en avant Les abîmes de la socialité anomique.
En guise de survol nous pouvons affirmer sans emphase que la nécessité de développer des processus de subjectivation, formation d’individus moins dominés pourra battre en brèche la négation du conflit
Le concept de la sociologie compréhensive, Zimmel, avait analysé le conflit comme régulateur de la société, la démarche conceptuelle de Morin s’inscrit dans cette dynamique des exigences de nouvelles formes de socialité.
Exigence d’utopie réaliste, indignation, le chemin de l’espérance devra remplacer la socialité de la rente et les slogans bannissant tour esprit critique laissant place à l’affect auquel le sujet devra se soumettre.
Sur un autre plan le développement de cette socialité devra remettre en cause le dogmatisme de la certitude d’avoir raison en appréhendant « l’attendu ne s’accomplit pas et à l’inattendu un dieu ouvre la porte ».
Cela nous amène à avancer l’idée que le système d’enseignement, rapport parents/ enfants devra donner lieu à une analyse approfondie qui permet à l’enfant « d’avoir une tête bien faite et non pas bien pleine seulement » comme le souligne le sociologue
La réalité morose de l’éducation met au grand jour la nécessite d’approfondir la réflexion « maître ignorant » pour reprendre Jacques Roncière où le personnage Jacotot impose une émancipation intellectuelle de l’apprentissage tout en passant au crible les pratiques hégémoniques. Cette nouvelle dynamique se fera à travers une éthique au dialogue .Enfin, il va sans dire que la condition fondamentale pour atteindre cet objectif réside dans la réorganisation des croyances.
Comme le dit le sociologue Morin « il s’agit de relier et ne pas détruire » une telle conception aboutira en fait à traiter l’incontournable question de la modernité et son corollaire l’émancipation tout évitant de sombrer dans le surmoi qui demeure aux aguets.
Cet aspect théorique démontre encore une fois la pluralité et la complexité des registres dans laquelle se situe la modernité qui imposent de bien délimiter les problématiques et questions à traiter en intégrant dans son sein le concept "d'utopie réaliste".
La réhabilitation de l’utopie s’inscrit dans un mouvement de réaction/contestation des thèses affirmant de « façon péremptoire » tantôt la fin des idéologies, tantôt la fin de l’histoire, pour faire admettre la supériorité et du système capitaliste en surexploitant la « chute du communisme ».
La célèbre phrase de M.Thatcher « il n’y a pas d’alternative » est une illustration parfaite de cette tendance à la prédominance de l’idéologie néo-libérale. Dès lors, l’idée d’une autre société devient presqu’impensable (F.Furet) et entraîne par conséquent ‘’le discrédit voire le rejet de l’utopie ‘’en raison de son « irréalisme » d’un côté et de la « tentation totalitaire » qui la caractérise de l’autre.
Déjà, la controverse entre E.Bloch défendant le « principe espérance » indissociable d’une « utopie concrète » et H.Jonas le « principe responsabilité » révèle de profondes tensions et oppositions quant à la conception d’alternatives crédibles au capitalisme ; celles-ci se situeront principalement sur le champ philosophique mais aussi au sein des SHS notamment en sociologie.
Ainsi, les idées de réalisme utopique défendues par de nombreux sociologues (P.Bourdieu, E.Morin, A.Giddens, plus particulièrement) soulignent, malgré les divergences souvent profondes de leurs approches, la nécessité de ne pas céder à « l’impuissancialisme » ambiant qui vise à anéantir toute tentative de remise en question de l’ordre néo-libéral dominant.
Cette volonté de faire « advenir le possible à partir de la connaissance du probable » (Bourdieu) se situe dans le prolongement des thèses de Bloch qui insistait sur la nécessité d’une « conscience anticipante » afin d’appréhender le réel à travers la « richesse des possibles non encore réalisés ». On peut également citer, en restant sur le terrain sociologique et en remontant un peu plus loin , l’idée de Weber selon laquelle « il est exact de dire, et toute l’expérience historique le confirme, que l’on aurait jamais pu atteindre le possible si dans le monde, on ne s’était pas attaqué à l’impossible ».
Afin que l’utopie ne soit réduite à des chimères, elle doit donc prendre appui sur une « connaissance précise de la réalité historique avec toutes ses contradictions », condition d’une « espérance éclairée » (Bloch) reposant sur la distinction entre « possibilité réelle et nécessité réelle ».
Cette rapide évocation des travaux de Bloch associés à ceux de certains sociologues démontre que le concept d’utopie établit nécessairement des passerelles entre philo et socio.
Pour revenir aux approches philosophiques, les travaux de P.Ricoeur consistant à analyser les relations dialectiques entre idéologie et utopie à partir des réflexions de Mannheim sur cette question accordent une place importante à leurs principales fonctions respectives. Si, de façon très synthétique, « les fonctions de l’idéologie sont la dissimulation, la distorsion et la légitimation du réel » pour produire du consentement, celles de l’utopie « qui a fréquemment mauvaise réputation » sont au contraire la contestation, la subversion et l’« imagination d’un ailleurs » à partir de la « critique des systèmes de légitimation et d’autorité… et l’exploration des possibilités latérales du réel ».
Dans ce sens, « elle est négation du présent et fait valoir la réalité présente comme nécessaire et une autre réalité comme possible. Elle n’est pas une négation simple, c’est une double négation …c’est le non-lieu d’un non-lieu » (Rancière)
.Il convient alors de préciser que cette recherche permanente de construction d’alternatives ne doit pas dériver vers des formes de mythologies qui anéantiraient alors toute le potentiel créatif et subversif de l’utopie. C’est précisément contre ces risques que W.Bejamin met en garde notamment les « fausses synthèses » censés favoriser le dépassement de l’ordre existant. Cela revient à souligner l’importance « d’une démarche critique qui assurerait à l’utopie une fonction heuristique » (P. Corcuff)
Au terme de cette succincte présentation, le point essentiel à relever dans la lecture des approches critiques de l’utopie analyse par différents courants sociologiques, réside, par-delà leurs différences, dans la mise en évidence « de la nécessité de ne pas l’enfermer dans une démarche téléologique fondée sur une vision mécanique et linéaire de l’histoire ; dit autrement une démarche obéissant à un sens unique de l’histoire »
Cette citation de E.Bloch résume on ne peut mieux cette idée centrale : « face à l’Etat futur qui fait figure de conséquence arrêtée d’avance dans la logique d’acier de l’histoire, le sujet n’a plus qu’à se croiser les bras de la même manière qu’il joignait jadis les mains pour accueillir le décret de Dieu ». Critique de la vulgate marxiste !
Après avoir fait un bref survol sur le concept de modernité en tant que corpus théorique défendu par différents courants sociologiques, sa réhabilitation dans le champ socio culturelle algérien, ne pourra pas devenir une ‘’arme préférentielle ‘’pour lutter contre « la vacuité des sens ».
Enfin, pour valoriser la modernité comme vecteur d’émancipation sociale, il serait judicieux de dire avec Edgar Morin « qu’il ne suffit pas de dénoncer. Il nous faut désormais énoncer. Il ne suffit pas de rappeler l’urgence. Il faut aussi savoir commencer, et commencer par définir les voies susceptibles de conduire à la Voie. »
Adnan MOURI
- التفاصيل
- كتب بواسطة: مسير الموقع
- انشأ بتاريخ: 05 أكتوير 2020