Violences conjugales:Le mécanisme asservissant du patriarcat«la femme est l’avenir de l’homme»Aragon

 

 

Adnan MOURI 

Chercheur chroniqueur

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 Le Covid 19 a depuis quelque mois, entrainé des populations entières dans la catastrophe pandémique. Pour saisir le climat moral des sociétés, malaise et souffrance caractérisent le lien social par cette précarité tant psychique que social.

La tournure dépréciative  de la pandémie aseptise les regards  des citoyens, et devant la thématique insistante du désordre et du péril qu’elle représente, se répand le caractère de l’homme  violent  qui revient avec  force  dans la caravane bien lisse  de la phallocratie.

L’énonciation  de cet impératif « surmoïque » fera  inscrire l’angoisse  du masculin   dans le droit fil  du discours habituel  qui  se caractérise par le corset  rigide d’une  tradition patriarcale  toujours aux aguets .

De ce fait, hostilité et violence seront vite chargées en haine à l’encontre  de celles qui  contrarient  la suprématie masculine.

En fournissant un schéma clair  sur la conflictualité psychique  liée  à la violence conjugale, il s’agit de recentrer en fait les préoccupations de la violence  dans un premier temps, en faisant référence au lien social.

   L’effleurement fatidique de la violence  dans le lien social impose de faire valoir ce défi permanent  pour lutter contre « le non social » étant présent   dans le social.

La complexité du sujet humain, nous permet d’appréhender la violence qu’affronte le paysage urbain. Dans cette optique, l’énigmatique question de la violence nous permet de faire un tour d’horizon sur le  décryptage du phénomène de la désorganisation sociale comme étant   une pulsion de mort.

Il va sans dire que le sujet humain à la différence des êtres vivants possède le Logos (terme qui met en exergue langage et raison). Autrement dit, nous pouvons voir que le bon sens est cette capacité qui peut garantir la jouissance future de l’être parlant.

Devant les catégories rigides du capital culturel, que peut-on dire à propos de la définition de la violence ? La démesure initiale de la violence qui fomente la mortification sociale a permis  au philosophe Marx de préciser que les hommes ne sont que les porteurs de  rapports sociaux. Cet aspect leur permettra les diverses fonctions sociales assurées par chacun. Pour le dire  avec Marx : « L’homme est le résultat de multiples et complexes déterminations sociales. »

Ceci dit, devant les organes sociaux d’asservissement, l’entité psychique est à prendre en considération pour comprendre les tenants et les aboutissants de la pulsion de mort.

Dans ce cas de figure, il est judicieux d’affirmer que le psychisme, sa dimension « inconscient » est cette terre inconnue à découvrir. Les élaborations théoriques psychanalytiques nous permettent d’analyser les fondements psychiques de la violence.

 A cet  égard, Sigmund Freud dans son essai « Malaise dans la culture » avait introduit la pulsion de mort sous la forme d’une « pulsion d’agression » : « La PLANCHE et PONTALIS, dans le vocabulaire de la psychanalyse, mettent en évidence la notion de la pulsion de mort en la désignant comme une catégorie fondamentale de pulsions qui s’opposent aux pulsions de vie et qui tentent à la réduction des tensions, c’est-à-dire à ramener l’être vivant à l’état inorganique. »

De ce fait, la pulsion de mort est donc bien pour Freud ce danger permanent que ne cesse d’affronter la civilisation. Son triomphe est d’autant plus incertain que « les hommes d’aujourd’hui ont poussé si loin la maitrise des forces de la nature qu’avec leur aide, il est devenu facile de s’exterminer mutuellement jusqu’au dernier. »

En abordant la question de l’agressivité, il nous parait capital de faire un bref survol sur l’anthropologie Freudienne en survolant  l’essai Totem et Tabou. Freud a essayé d’analyser les tribus primitives pour comprendre le sens de leur organisation sociale et religieuse. Sur cet aspect, le psychanalyste a mit en exergue le lien entre origine de la culture que nous avons résumé et la vie sociale des primitifs.

Cette exploration lui a permis de dégager l’enseignement suivant, qui consiste à dire que nous avons eu une vie antérieure. Cette structure permet de respecter le tabou. A cet égard, il nous fera savoir que la conscience morale du tabou est sans doute la forme la plus ancienne « selon laquelle se présente à nous le phénomène de la conscience morale. » Dans ce cas de figure, Freud aborde la question de la « horde primitive », qui consiste à regrouper les humains sous l’autorité du père  qui possède l’accès aux femmes.

Elle enchaine avec ses caractères principaux pour dire que les fils du père jaloux ne sont pas dans la capacité de posséder toutes les femmes, ils explosent, l’affrontent et le tuent, toute en organisant « un repas totémique ». L’analyse de la mort du père nous permet de ne pas confondre patriarcat et fonction paternelle.

Ces brèves incursions théoriques nous permettent d’analyser le fonctionnement psychique qui se distingue du cérébral. En effet comprendre la violence conjugale du point de vue cérébral nous parait une entreprise hasardeuse qui essaie de combler le déficit de l’aliénation sociale afin de satisfaire sa raison dans le «  narcissisme des petites différences.  »

Nous ne pouvons confondre l’ordre symbolique avec l’ordre social, la prise en compte du symbolique est une dimension qui caractérise les humains  tant qu’ils sont des êtres de langage.

Pour la psychanalyse Freudienne, les trois dimensions constitutives de la subjectivité sont : le réel, le symbolique et l’imaginaire. Ces trois dimensions sont nouées de telle façon par tout un chacun, qu’elles peuvent engendrer des troubles particuliers. (Névrose, trouble autistique)

Avant d’esquisser la problématique de la violence conjugale, il serait souhaitable de s’attarder sur quelques définitions qui mettent en valeur la dimension psychique. Cet axe  de réflexion est proposé  pour mesurer l’élaboration mentale  qui spécifie  le champ imaginaire  de violence conjugale. 

La prise en compte de l’inconscient est corrélative de censure et de refoulement, comme il s’agit de parler d’inconscient comme lieu psychique, la clarification du concept du féminin, nous permettra d’assurer un gain de sens et de cohérence pour questionner la problématique du couple.

   Comme l’appareil psychique suppose une énergie, la compréhension du conflit féminin/ masculin nous permet de définir la féminité qui selon la psychanalyste Jacqueline Schaffer se traduit par la mise en évidence du corporel. Cela se transmet par la mère malgré soi. Elle ajoutera « La féminité c’est tout ce qui fait le charme de la femme, alors que la féminin c’est la jouissance. »

Ceci dit, devant les modes intérieurs de représentation  mentale, Jacqueline Schaffer nous fera savoir que les femmes vivent constamment dans un conflit entre le maternel, la féminité,  le féminin et le social, quatre pôles antagonistes difficiles à harmoniser.

Dans la configuration conflictuelle, du schéma familial, la psychanalyste  Elza  Kayet dans son essai, Un homme plus une femme égal à quoi, dira « La femme qui n’a jamais été considérée comme femme par sa mère sera frappée par l’acceptation de sa féminité par un homme. »

Devant les représentations douloureuses susceptibles d’éveiller le refoulement, et la fonction du déplaisir, que peut-on dire du couple qui bat de l’aile en se figeant dans une crise multidimensionnelle (crise identitaire, obstacles aux dialogues et misère sexuelle ) ?

Devant les effets psychiques qui sollicitent et avivent les facultés de l’inconscient nous tenterons  de dire que les réflexes sont des unités réactionnelles « déterminées par des stimulations provenant du milieu extérieur.

Le déterminisme des réflexes n’est pas endogène, comme celui des instincts, mais exogène. » Cela dit, en matière relationnelle dans le couple signifie que l’acte sexuel récuse la notion d’instinct, c’est ce qu’on peut voir dans l’enseignement Freudien consacré aux trois théories de la sexualité .En un mot il ne s’agit pas de confondre  les réflexes avec les instincts.

A cet égard, Freud disait que « l’opinion populaire forme des idées arrêtées sur la nature et les caractères de la pulsion sexuelle. » Cet aspect se focalise uniquement sur le processus de maturation organique. De ce fait, elle définit la sexualité comme objet fixe de notre sexe en visant l’union sexuelle. En un mot, la sexualité ne se réduit pas à la génitalité.

Dans ce sens, la sexualité prégénitale évoquée par le psychanalyste nous permet de la voir comme le résultat d’une histoire individuelle, la pulsion sexuelle ne se réduit pas à un instinct.

 la psychanalyste Gisèle Chaboudez nous fera savoir  que « la psychanalyse dès son origine a avancé  que  rien de la sexualité ne saurait être compris sans l’envisager  comme événement psychique, c’est-à-dire déterminé par le langage ».

Devant le désir de parole  qui est fondé sur les tendances  du savoir de l’inconscient, que peut-on dire du sujet parlant en Algérie continuellement dominé par les nuisances d’incommunicabilité ? 

Dans le contexte Algérien, peut-on parler du couple « quand le rêve déserte l’amour » Elza Kayet ? Le couple disciple exceptionnel de l’aveuglement de la détresse infantile ne peut manquer de s’inféoder à l’impératif du musellement qui fait que l’altérité lui soit impossible. Dans ce cas de figure, le sujet humain consolide le fétichisme de la raison sans pour autant travailler le savoir de l’inconscient.

La fonction du surmoi est l’éternelle  compagne du « père-vertissement » du féminin, il doit son hérédité à la figure paternelle. Loin de faire de l’éducation un avenir qui transcende les « désêtre » du sujet, nous pouvons dire que la rationalité méthodique des routines d’obéissance ne fait qu’actualiser la nostalgie des vérités révélées.

 A cet égard, nous  décelons que l’acceptation courante de certains proverbes faméliques tirant leurs racines d’une misogynie maladive. Exemple, « aucune pierre ne fond et aucune pute ne se repentira », « femme source de bien, source de mal ».

Cet aspect démontre que le fondement traditionnel à des composants tyranniques   qui s’exercent sur le sujet humain. La violence des proverbes nous rappelle la frustration quant à la négation de la femme.

L’immense machinerie de la « domination masculine » illumine l’obscurité sur le « machisme du corps » pour reprendre les dires de la comédienne Adila Bendimred. A cet égard, nous apercevons  que dans le film Kindil El Bahr, le pouvoir traditionnel vise l’alourdissement de sa suggestion qui fouille, désarticule et récompense le corps caché « pudeur genrée ». Aspect développé dans un précédent article sur le tabou corporel.

L’éducation s’apparente au dressage qui rend le corps utile par une surveillance méticuleuse. Une question s’impose dans le traitement  de la violence conjugale : Que peut-on dire du couple qui vient avec la « singularité d’Œdipe » ? Ceci dit, au-delà du sexisme ambiant, il est à noter que la fille s’en tient aisément à des représentations de l’éducation maternelle, l’autonomie mère-fille agit dans la reproduction d’obéissance.

Pour revenir à la question de la violence conjugale qui met en valeur autant de cruauté, nous ferons nôtre, la citation fort éclairante du psychanalyste Gérard Pommier sur l’inconstance des hommes avec les brusques déséquilibres irréversibles que l’homme est capable d’introduire.

A cet égard, le psychanalyste nous dira que l’homme est angoissé par la beauté de la femme, angoissé par le fait que les femmes sont détentrices d’orgasmes. L’homme opprime matériellement et sexuellement la femme.

Avant de faire un réquisitoire contre la violence  conjugale, il nous semble opportun  de saisir  l’impact  du musellement de la subjectivité  qui continue  de voir le processus d’émancipation sociale  comme  une insurmontable contradiction.

  Dans la  typologie de  la violence   qui  façonne  le patriarcat, il existe une violence sourde  qui se complaît   dans la dépendance  pornographique.

L’illustration  du bien, fait de la société de consommation,  favorise  l’addiction invisible  de la pornographie,   à cet égard bon nombre  de femmes n’osent pas dénoncer le comportement déviant du mari notamment  dans  les sociétés « entrouvertes » telle que l’Algérie.

 Que pouvons-nous dire encore sur l’origine de la violence masculine ?

 La psychanalyste Liliane Daligaud  dira que  l’échec de l’identification imaginaire  et symbolique  au père est  le fondement de l’échec du masculin.

En décrivant le cortège de la violence  conjugale  qui  commence  par la haine, l’anthropologue Françoise Héritier  nous fera savoir  « que la femme  qui se reproduit en faisant des filles pourrait se comprendre, mais que  pour  se faire un fils, l’homme doive passer par  la femme est intolérable ».

Dans ce sens nous pouvons voir  que « l’homme est dépossédé et ne rentre pas dans la sexualité », a titre d’exemple le viol s’avère «  une agression  au ventre de la mère, les massacres des islamistes  pendant la décennie noire  est un exemple édifiant pour cerner la « politique du meurtre » 

Le surgissement de la « « création subjective » devient  un élément moteur   dans lequel la liberté  sera conçue  comme instance réflexive. La prise en compte de l’autonomie  du sujet, devra fortifier l’émancipation comme catégorie structurante  du champ social.

Devant le regard aussi pénible que perturbant de la violence conjugale, nous proposons en guise  de conclusion  de rendre  hommage  au chanteur Idir  décédé ces jours - ci  dans la région parisienne.

Lors de son vivant,   le  ordonnant une éthique poète  déjouait la figure  chante  les bienfaits  de l’esprit frondeur. «  Tu sais ma fille, il y a des choses qu’on ne dit pas, le message du chanteur transperce le ciel conformiste en vertueuse  par laquelle nous échappons au dogme. 

Enfin, devant l’intérêt poétique ou le verbe mélodieux trouve son émancipation, le poète  Hadj Ali, dans lettre à Lucette, il dira en t écrivant tes mots, je ne sais par quel organe mon corps cédera à la mort ».  La mise en exergue d'éros comme "force de conjonction" permet de dire  que l’amour  ne nous  permet  pas de « badiner avec « l’amur ».

 

 Adnan Hadj Mouri

  

 

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