
L’art révèle sa valeur d’expression de la liberté à travers des images
Pr.Benmeziane Bencherki
Département de philosophie; Université d’Oran2
Laboratoire: LSSMP-Université d’Oran2
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Avant de commencer mon exposé, j’aimerai bien apporter un éclairage sur quelques éléments du titre qui m’a interpellé puisque en parlant de l’image et la création les choses, thématique dont j’avoue que je suis profane, moi qui est loin du champ de l’esthétique mais mon ambition est d’être plus proche le plus possible de l’objet de notre rencontre ainsi que de mon champ de recherche, philosophie de l’histoire. Je veux bien construire, à l’occasion de cet heureux échange, à partir de mon champ de réflexion. Cependant, la philosophie de l’histoire a toujours médité le rapport entre l’imagination et la mémoire dans la corrélation possible de l’art du vécu et les images que porte la mémoire. Il est possible que cela paraisse un peu étrange mais je vais tout de même essayer d’élucider cette approche qui n’est qu’un avis parmi d’autres.
Dans le dictionnaire Encyclopédie Philosophique Universelle une remarque a attiré mon attention à propos de l’imagination qui est : «…C’est Kant qui mit l’accent sur cet aspect (aspect de l’imagination par rapport à la production de la connaissance) déjà entrevu par le rationalisme classique. L’imagination devient alors un thème central pour toute philosophie qui admet pour point de départ la spontanéité de l’entendement, voire, plus généralement, la liberté du sujet.»([1]). Cette remarque, m’a permis de revisiter rapidement la pensée Kantienne bien qu’elle ne concerne qu’une partie de ma contribution.
Cette démarche consiste à éclaircir rapidement un point que je peux résumer par la question suivante : quelle est la nouveauté apportée par Kant concernant la question de l’imagination par rapport à l’histoire de la philosophie ?
Car s’il est clair que la nouveauté de Kant se résume dans cette idée de la critique et dans la valeur qu’il donne au concept de la critique, son génie peut être saisi également dans l’élaboration nouvelle de la raison et la définition du champ de la philosophie dans son rapport à la science mais, à mon avis, l’autre enjeu se perçoit dans cette reformulation nouvelle qu’il donne à la nature humaine et qui engendre celle de J. Locke sur la perception du sensible ([2]). Cette reformulation nous pouvons la discerner dans les textes suivants : L’idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique, que signifie s’orienter dans la pensée ?, l’anthropologie du point pragmatique.
Ces trois textes peuvent être considérés comme le couronnement du projet Kantien dans sa réflexion sur la nature humaine et que la critique de la faculté de juger a mis en évidence la valeur de cet aspect.
Dans la troisième proposition de L’idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique ([3]) Kant développe une réflexion sur la nature humaine dans son rapport avec les modes et les usages de la culture et qui peut être conçue comme une philosophie délivrée pour le rétablissement du sensible dans le cadre général de l’entendement humain, c’est-à-dire une sorte de revalorisation pour rendre le sensible possible à la perception. Cette même acception nous pouvons la noter Dans que signifie s’orienter dans la pensée ?au Paragraphe 145 dans l’approche qu’il a conçu autour du génie, à savoir le lien concernant le problème de la liberté à la culture du génie ([4]) premièrement, la distinction entre l’exaltation et l’illumination deuxièmement.
Cette approche kantienne je peux la distinguer notamment dans l’anthropologie du point de vue pragmatique livre I du paragraphe 28 au paragraphe 38, paragraphes consacrer au rôle de l’imagination ([5]).
Bien que dans ces paragraphes Kant parle de l’imagination mais ce qui m’intéresse ici, à propos de mon analyse, c’est ce lien qu’il accorde au génie au paragraphe 30 de l’anthropologie, « L’originalité de l’imagination (et non l’imitation), quand elle s’accorde aux concepts, s’appelle le génie ; quand elle ne s’y accorde pas, c’est l’exaltation »([6]).
Cette distinction kantienne entre deux mondes : celui du génie et celui de l’exaltation par rapport à la source, donc l’imagination, et non pas à la fin qui est celle de l’image que peut prendre dans son rapport aux concepts.
Cela couronnera certainement les critiques tout en répondant à la quatrième question : qu’est ce que l’homme ?
Le projet, de la critique de la raison, qui fait la célébrité Kantienne est constatée à partir d’une vision hétérogène chez W. Dilthey dans la critique de la raison historique, et dans le vécu et la création poétique.
Mais sans que je refasse le retour à tout le travail de Dilthey, qui s’avère nécessaire pour d’autres travaux. je me contente dans cette contribution seulement de cette observation faite par Gadamer dans Vérité et méthode paragraphe 72 et 73 , quand il examine l’importante problématique du rapport de l’imagination à la mémoire, en affirmant qu’ «Il apparait donc que, chez Dilthey comme chez Husserl, pour la philosophie de la vie aussi bien que pour la phénoménologie, le concept d’<expérience vécue> est d’abord gnoséologique(…) Ce qui s’impose comme vécu ne se réduit plus à quelque chose qui passe de manière fugitive avec le courant de la vie de la conscience(…) Ce qui mérite le nom d’<expérience vécue> se constitue dans le souvenir»([7]) . Ainsi l’’idée de la circonscription de l’expérience par le temps est, sans doute, l’un des points nodaux de la pensée phénoménologique.
Si on pense que le temps soutenu par la phénoménologie passe du temps passé au temps présent à celui du futur comme téléos, ceci dit, que le tournant Philosophique de la phénoménologie par rapport à l’héritage philosophique peut être résumé dans l’idée de la réduction, mais également dans la téléologie, afin d’expliquer ou interpréter la relation possible entre la chose en soi (le sujet) et la chose pour soi (le monde) comme le conçoit Husserl et qui prend sa vigueur dans le monde de la vie historico-culturelle dans ses derniers textes, au moment où il étale la phénoménologie sur le sujet en tant que vécu culturel, c’est-à-dire, pour lui «Tout vécu est en lui- même un flux de devenir, il est ce qu’il est, en engendrant de façon originelle (…) un type eidétique invariable : c’est un flux continuel de rétentions et de protentions, médiatisé par une phase elle- même fluante de vécues originaires (…). D’autre par tout vécu a ses parallèles dans différents formes de reproduction qui peuvent être regardées comme des transformation « opératives» idéelles du vécu originel : chacun a son « correspondant exact» qui est pourtant sa contre- partie modifiée de part en part dans un re-souvenir aussi bien que dans un pro-souvenir possible, dans une simple image possible ou encore dans des formes redoublées ( Iterationen) de ces diverses mutations »([8]) .
Le jeu ou même l’enjeu du souvenir inclut en lui-même cet élargissement que Husserl expose dans son texte sur La crise des sciences quand il répond à sa question, «Comment l’être- donné – d’avance du monde de la vie peut-il maintenant devenir un thème propre et universel ?»([9]).
La réponse à cette question nécessite aux yeux de Husserl un renversement de notre regard «la vie qui opère la validité du monde qui est celle de la vie naturelle dans le monde ne se laisse pas étudier dans l’attitude de la vie mondaine naturelle. Nous avons donc besoin d’un renversement total de l’attitude, d’une épochè universelle d’une nature entièrement singulière.»([10]) Ce renversement mérite d’être revisité aujourd’hui dans l’œuvre d’Husserl, car c’est à partir de ce moment que le monde de l’imagination, de la vie, de la culture et de la production humaine se replace au cœur du débat philosophique.
Ce renversement est le même qu’a suggéré Gilles Deleuze pour libérer l’esthétique de sa dualité déchirante instaurée par la philosophie de Platon entre la copie-modèle, essence et apparences, «Pour que les deux sens se rejoignent, il faut que les conditions de l’expérience en général deviennent elles- mêmes conditions de l’expérience réelle ; l’œuvre d’art, de son côte, apparaît alors réellement comme expérimentation.» ([11]) .
La logique des renversements ne s’arrête pas là. car l’image du même tournant Philosophique de la phénoménologie par rapport à l’héritage philosophique nous pouvons la rencontrer une autre fois dans le développement élaboré par Heidegger entre l’être et l’étant, la relation entre le phénomène et sa réception, celle qui mène la philosophie vers l’herméneutique de (s) sens(s), ainsi le rapport ne peut être conçu que dans le temps, «Dans l’explication courante du temps comme suite de maintenant manquant aussi bien la databilité que la significativité (…) les maintenant sont donc, d’une certaine manière, eux aussi là-devant : c'est-à-dire qu’à la rencontre de l’étant s’ajoute celle du maintenant. (…), à partir du moment où les maintenant sont là-devant comme le sont les choses, ils sont bel et bien <vus> ontologiquement dans l’horizon de l’idée d’être-là-devant. Les maintenant passent, et les maintenant constituent le passé. Les maintenant surviennent, et les maintenant à venir définissent le < futur>»([12]). C’est ainsi que nous pouvons concevoir le rapport entre l’imagination et l’image par le biais du rapport de la mémoire et la mémorisation du temps passé, que nous préservons dans des formes d’images de souvenir (ou représentations).
Cette configuration imagée, nous la projetons continuellement dans nos horizons de(s) sen(s) possible(s) comme des images d’une vie, ou d’un vécu possible, et comme étant un art de vécu sauf qu’on doit savoir que «La notion d’image correspond d’abord à la reproduction inversée qu’une surface polie donne d’un objet qui s’y réfléchit. Par là l’image est une copie, les points qui les constituent doivent correspondre à ceux du réel ou original par rapport à quoi elle se définit»([13])
Ce rapport de correspondance de l’image/copie, au réel est le point essentiel sur lequel nous devons penser l’acte de renversement que j’ai avancé auparavant, car l’idée de la création ne peut être que le produit de ce temps : de la mémoire, de l’imagination, du souvenir ou tout simplement du vécu, qui agence nos goûts ainsi que notre attachement destinal vers le beau. C’est ainsi que nous avons toujours l’habitude de considérer que «…la problématique de l’image est celle de l’exactitude par rapport à l’objet réel, elle concerne la conception de la vérité comme adéquation et celle du langage comme image des choses ou nomenclature.»([14]). Sachant que l’image n’est que ce produit qui revient après un travail de la mémoire dans le temps et c’est ainsi que la «La notion d’image peut s’analyser en termes conceptuels en image-copie ou image-reflet, en icône, en idole, et en fantasme»([15]). Chacune des ces acceptions engage une idée de valeur sur le plan de la connaissance.
Cette conception de l’image notamment celle d’image d’esthétique qui est < … le résultat d’un processus intérieur qui franchit tous les obstacles pour se révéler dans une œuvre artistique, visuelle, auditive ou poétique. »([16] ),est la clef qui permettra de résoudre ce rapport de triple sens entre l’imagination, la mémoire et le vécu.
En revenant une autre fois à Kant et à sa conception de génie qu’on trouve sa formulation dans le paragraphe 46 de la critique de la faculté de juger « le génie est le talent ( don naturel) qui donne à l’art ses règles (…) le génie est donc incapable de décrire lui-même ou d’indiquer scientifiquement comment il donne naissance à son produit, mais c’est au contraire en tant que nature qu’il donne la règle des ses productions ; et dès lors l’auteur d’un produit qu’il doit à son génie ne sait pas lui-même comment se trouvent en lui les idées qui l’y conduisent…»([17]). Cette définition peut être conçu par rapport au paragraphe 30 de l’anthropologie cité ci-dessus « L’originalité de l’imagination ( et non l’imitation), quand elle s’accorde aux concepts, s’appelle le génie ; quand elle ne s’y accorde pas, c’est l’exaltation » et à son enchaînement avec le paragraphe 35 de la Critique de la faculté de juger « La condition subjective de tous les jugements est le pouvoir de juger lui-même, autrement dit la faculté de juger. Celle-ci, utilisée vis-à-vis d’une représentation par laquelle un objet est donné, exige l’accord de deux facultés représentatives – à savoir : l’accord de l’imagination (pour l’intuition et la synthèse du divers intuitif) et de l’entendement (pour le concept comme représentation de l’unité de cette synthèse) »([18]), cette conception est la raison qui a motivé Gadamer à aller dans ce sens.
Notamment quant il atteste qu’« Il est bien davantage plausible de faire du concept de génie, que Kant dégage comme principe transcendantal de la beauté dans l’art, le principe esthétique universel. Il correspondrait bien mieux au modèle de l’invariant par rapport au temps qui change.
Le miracle de l’art, l’accomplissement énigmatique que continuent à représenter toutes les réussites de l’art, passe et se manifeste à travers tous les temps»([19]) mais à mon avis ce rapport du goût au génie et à l’image a constitué l’un des objectifs de Dilthey dans l’approche qu’il effectuait sur le concept du vécu au sens d’ Erlebnis car « Quelque chose devient Erlebnis dans la mesure où il n’a pas été seulement vécu mais où le fait de l’avoir été a eu un poids particulier, qui lui confère une signification durable»([20]). Cette signification de l’expérimentation de la vie renvoi à un nouveau sens du signe, et que le signe doit accomplir pour qu’il devient ainsi celui de la signification, car pour que le signe accomplit ce devoir de renvoi «Parmi tous les signes, c’est l’objet –souvenir (Andenken) que semble revenir le maximum de réalité propre. Un souvenir se rapporte bien sûr au passé et, dans cette mesure, il est réellement un signe mais il nous est à nous- mêmes précieux parce qu’il maintient pour nous dans la présence le passé, comme fragment de passé qui, lui, n’est point passé.(…) le souvenir n’a valeur de souvenir que pour celui qui a déjà- c'est-à-dire encore- un lien à ce passé.»([21]). Ce même passé qu’il est encore qu’un souvenir ne cesse de nourrir notre vie au cours de son expérience inachevée, de sorte que le téléos-souvenir ne se résume pas dans le passé seulement, mais il devient un facteur inépuisable de la vie.
Dans ce sens, le travail de Dilthey apparaît en contre courant de Kant, car il consiste à la mise en œuvre de mettre l’histoire et l’art au même niveau : l’art devient vécu ou une expérimentation. L’histoire comme l’art trouve sa place en rapport avec l’imagination et l’image, c’est pour cette raison que «Les créations culturelles du passé, art et histoire, n’ont plus maintenant leur place dans le contenu du présent qui va de soi, ce sont au contraire des objets livrés à l’investigation, des données à partir desquelles on peut se représenter un passé. C’est donc le concept de donné qui chez Dilthey aussi, détermine la création de celui d’Erlebnis»([22]).
Cette nouvelle vision de la vie qu’a engendré les travaux de Dilthey montre à quel point et avec quelle façon les capacités de la nature humaine est y compris ceux de l’imagination sont devenus le champ de la réflexion philosophique.
Par le biais de ce tournant philosophique, Dilthey marque un point d’extension par rapport à la critique de Kant, et agence la philosophie avec un nouveau seuil, qui est celui d’anthropologie philosophico-historique en triple sens entre l’imagination, la mémoire et le vécu.
Texte publié voir, Phantasia et création artistique études sur la phénoménologie de l’image, série arts 10 Université de Gabes ISAM Gabes. Publication UR : Cultures artistiques, Savoirs et technologie Tunisie 2010 (PP 127-134)
------------------------------------------------------------------------------[1] Jacob, André, Encyclopédie Philosophique Universelle, les Notions, TI, PUF, 1998,P. 1235[2] - Voir J. Locke, Essai sur l’entendement humain[3] - Troisième proposition <La nature a voulu que l’homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l’agencement mécanique de son existence animale et qu’il ne participe à aucun autre bonheur ou à aucune autre perfection que ceux qu’il s’est créés lui-même, libre de l’instinct, par sa propre raison (…) (Pour cela la nature ne lui a donné ni les cornes du taureau, ni les griffes du lion ni les crocs du chien, mais seulement les mains>.[4] - (…le génie se complaît du fil par lequel la raison autrement le guidait. Il ne tarde pas non plus à faire tomber d’autres sous le charme par des sentences sans appel et par de grandes espérances, et il semble dès lors s’être lui –même placé sur un trône que la lente et laborieuse raison ornait si mal (…) la maxime, alors admise, de l’invalidité d’une raison légiférante suprême, nous l’appelons, nous autres hommes du commun, exaltation ; ces favoris de la nature bienveillante, la nomment illumination.)[5]- je peux citer a titre d’exemple le paragraphe 28 <L’imagination (facultas imaginandi), comme faculté des intuitions hors de la présence de l’objet, est ou bien productive, c'est-à-dire faculté de présentation originaire de l’objet ( exhibitio originaria) qui précède par conséquent l’expérience ; ou bien reproductive, c’est-à-dire faculté de présentation dérivée ( exhibitio derivativa) qui ramène dans l’esprit une intuition empirique qu’on a eue auparavant) [6] Kant, E, L’anthropologie du point de vue pragmatique, &30.[7] H.G. Gadamer, Vérité et méthode, Ed seuil, 1996, &72 ,73.[8] - E. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, Tra, P. Ricœur, Ed Tel Gallimard, &149.[9] - E. Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, trad G. Granel, Gallimard, 1976 &39[10] - Ibid.[11] - <L’esthétique soufre d’une dualité déchirante. Elle désigne d’une part la théorie de la sensibilité comme forme de l’expérience possible ; d’autre part la théorie de l’art comme réflexion de l’expérience réelle > G. Deleuze, Logique du sens, Ed, Minuit, Paris 2005, appendice I « simulacre et philosophie antique> P.300[12] - M. Heidegger, Etre et temps, trad F. Vezin, Gallimard, 1986. &81.[13] - Encyclopédie Philosophique universelle, Ibid., P. 1230[14] - Ibid.,[15]Image copie : en tant que imitation d’un objet réel, l’image est ici considérée comme illusion ; chez Platon elle est le faux objectif (…) l’idée que l’image est copie, reproduction de la réalité est présente dans toute philosophie de la représentation, de Descartes à Husserl et Sartre. L’image-symbole : c’est la signification de l’image au regard de l’absolu, dans la dialectique du visible et l’invisible. L’image est icône quand elle est l’objet d’une visée qui va au-delà de sa visibilité vers l’absolu dont elle tient toute sa valeur ; elle est le support visible de cet absolu.(…) L’image-fantasme est la reproduction psychique d’une représentation figurée.» Dictionnaire 1230[16] - Ibid.[17] - E. Kant, Critique de la faculté de juger, trad. A, Renault, Flammarion, 1995. &46[18] - ibid. &35.[19] - Gadamer ibid., &64 [20] - Ibid. & 67[21] - Ibid. & 158[22] - Ibid. &71- التفاصيل
- كتب بواسطة: مسير الموقع
- انشأ بتاريخ: 20 أكتوير 2020